Dimanche 28 Septembre 2014

Notes du

Jeudi 31 Juillet 2014

(Message à E. M. qui évoquait ma « virulence » : )

"Virulence" ?. Non, non... je me retiens encore et toujours... Depuis 50 ans mes maîtres sont Péguy, Bernanos et Léon Bloy; un trio qui ne pratiquait pas vraiment le langage guimauve... On ne se refait pas ! Depuis 50 ans aussi, je m'efforce de devenir non violent; mais j'aime toujours une certaine vigueur; dans le langage et aussi dans le corps des vivants: incapable de faire moindre sport, j'admire le geste sportif, le cirque, etc ... et surtout la poésie forte du comportement des animaux (j'ai un chien très vif et fort qui n'arrange pas mon dos à tirer sans cesse sur la laisse, mais je ne m'en séparerais pour rien au monde)...
Bref...

  Effectivement, je crois aussi que le Forum est un lieu où le débat honnête, serein, et... "rationnel" ou, au moins, raisonnable, est impossible... et c'est bien dommage; mais, si l'enseignement de la philo est encore un peu au programme scolaire, l'apprentissage du débat "philosophique"  semble ne guère atteindre les bacheliers désormais si nombreux... 

 Donc, à propos de ces chers fusillés: je n'ai pas d'allergie systématique, a priori, je pense, sur ce sujet. Ce qui m'agace, je l'avoue, c'est qu'ils deviennent une "tarte à la crème", un cliché des images d'Epinal (j'aime beaucoup les vraies images d'Epinal... là aussi: une belle vigueur, dans la couleur; et un aspect d'enfance qui est aussi un de mes pays de prédilection) de la "culture générale", ambiante, commune, à propos de cette fichue Grande Guerre, que je déteste au moins autant que tout un chacun... Je crains que dans une ou deux générations on ne dise: "" La Grande guerre? Ah oui, les fusillés, les trêves", et... point final ! Sans être capable d'en dire un mot de plus... Je frémis vraiment à voir comment certains "enseignants" (je dis "certains" ! ) traitent de cette Guerre, et la font traiter par leurs élèves. Aucune historicisation des choses, aucun regard critique, aucune mise à distance, aucun recul... On prend le train en marche, au moment où les 12 balles atteignent le cœur du fusillé, et voilà; alors, on peut faire pleurer Margot sous l'escalier autant que l'on veut, c'est plus que facile. Mais, pour moi, faire de l'histoire, c'est remettre les choses dans le contexte, et dans leur flux (leur "chaîne) historique... La Guerre de 14 n'a pas commencé le 2 Août 14 (ou le 1er, etc) mais en 1870 ou 1871; le militarisme prussien est une réalité et non une diffamation, etc... etc...Bref, un phénomène aussi énorme a des causes, des origines, des prétextes, de buts  -toutes choses presque synonymes, mais à nuancer même si leurs effets convergent ...

 Les militaires ont exercé la justice dans le cadre d'un Code qui leur a été octroyé par des civils. Ils ont fait ce qu'ils ont pu avec les moyens que des civils, encore,  leur accordaient (ceci à propos des procès, si faciles, contre les offensives Nivelle etc...). Quant à la mort en masse, la source est à chercher du côté de la "levée en masse",  = de la sacro sainte "Révolution française"; laquelle est la matrice infernale de tous les totalitarismes, à commencer par cette invention de la conscription "universelle" et "l'égalitarisme" forcené qui sévit aujourd'hui même plus que jamais...

Toutes choses pas bonnes à rappeler...

Tout cela dit, je pense, bien entendu, que la question des fusillés mérite et même doit être étudiée (mais on n'étudie pas à coup de slogans, de petits films caricaturaux, polémiques et/ou partisans, etc..). Aussi, je me suis beaucoup satisfait de voir la constitution du groupe d'études auquel vous appartenez. Précédemment, je m'étais agacé, aussi, de voir une sorte de débat concurrentiel du style: "Moi j'ai 399 fusillés" "Et moi j'en ai 495 et demi !", - chacun semblait garder jalousement sa précieuse liste, en vue sans doute d'avoir l'exclusivité en publiant "mon livre"... mais voilà qu'un franc-tireur est venu mettre un pavé dans la mare, en publiant, en effet, le sien. Donc, voilà enfin la mise en commun de ces listes, que je souhaitais depuis longtemps tant elle me paraît la seule façon d'établir le b-a -ba de cette recherche, c'est-à-dire l'inventaire, le répertoire, le repérage et finalement le compte et le nombre de ces fusillés, puis leur tri, absolument nécessaires si on ne veut pas pratiquer l'amalgame juste bon comme instrument de propagande revendicatrice... Donc, côté "recherche", c'est bon, ça vient, c'est sur la bonne voie.

Mais côté "grand public" ?...

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